On parle « projet », « entreprise », « étude de marché », « financements ». D'autres mots se glissent, un peu plus inhabituels dans ce type de rassemble- ment : « solidarité », « mutualisation »...
La dizaine de participants entame un tour de table. Ici, pas de costard cravate, ni d'attaché-case. Ils sont plutôt jeunes, facilement barbus, diplômés... et aux Assedics. Les « projets » tournent principalement autour de la culture ou d'Internet. Du « management culturel », de « l'intelligence créative » ou du « montage vidéo ».
Marie-José Daubigeon, la gérante de Coop'Alpha explique : « La plupart des projets que nous hébergeons s'articulent autour des services et ne demandent pas une mise de départ importante. »
« Un état d'esprit »
L'étrange structure gérée par Marie-Josée Daubigeon s'appelle une coopérative d'emplois. En 2006, lors de sa création par quatre associés, elle était la première à s'installer en Aquitaine. Depuis, les locaux de l'entreprise ne désemplissent pas.
Le principe : encadrer et accompagner des créations d'entreprise. « Les jeunes viennent vers nous avec des projets déjà ficelés. Pendant quelques mois, nous testons avec eux la viabilité de leur projet, ensuite ils deviennent salariés au sein de la coopérative. »
La coopérative prend alors 10 % du chiffre d'affaires. En échange, elle fait les fiches de paie et assure un statut de salarié. « L'originalité de la structure, c'est que les adhérents sont à la fois leurs propres patrons tout en bénéficiant de la protection de salarié », explique la gérante.
Une activité qui pourrait ressembler à du portage salarial. Marie-Josée Daubigeon s'en défend : « On est des militants ! Ici, il y a un état d'esprit auquel il faut adhérer. Nous partons d'un principe de la mutualisation des compétences et des réseaux. Chacun doit apporter sa pierre à l'édifice. L'idée est de faire naître des partenariats entre les différents entrepreneurs. »
120 retours à l'emploi
Subventionnée par les collectivités et jouissant notamment de partenariats avec Pôle emploi, la structure annonce 120 retours à l'emploi depuis sa création. « Nous considérons qu'à partir du moment où une personne a une compétence, elle peut réussir. Avec ce mode de fonctionnement, à la différence du portage salarial, nous pouvons nous permettre de ne pas privilégier les projets les plus faciles, on a parfois de vraies surprises ! », poursuit la gérante, qui avance seulement 15 % de refus au sein de la structure.
Autre originalité de la structure coopérative, les entrepreneurs ont la possibilité au terme d'un parcours moyen de deux ans et demi de devenir associés de l'entreprise. « C'est la prochaine étape de notre développement. L'an prochain, quatre entrepreneurs de la coopérative devraient devenir nos nouveaux associés. Les seuls critères sont la viabilité de leur activité sur le long terme et leur volonté d'adhérer à nos valeurs de mise en commun », explique Marie-Josée Daubigeon.
Une évolution qui pourrait aussi changer le visage de la coopérative. « Chaque associé vaut une voix. Tous les trois ans, nous désignons un nouveau gérant. L'équipe dirigeante de l'entreprise peut donc changer à la suite de nouveaux entrants ! »
En trois ans d'existence, l'ensemble des salariés de Coop'Alpha ont généré un chiffre d'affaires de 1 million d'euros, celui de la coopérative s'élèverait lui à 80 000 euros. Loin de la cotation en bourse.
Source : http://www.sudouest.com